L’action de formation du secteur de l’alphabétisation se termine au plus tard quand les compétences et savoirs de base équivalents au CEB sont acquis. Le chef-d’œuvre permet à des adultes de faire reconnaitre ces acquis via la réalisation d’un travail de recherche original porteur de sens.
Par ailleurs, de nombreuses personnes en difficulté de lecture et d’écriture possédant des savoir-faire professionnels peinent à les faire reconnaitre sur le marché de l’emploi et sont intéressées par le dispositif de validation des compétences. En quoi et comment ce dispositif peut-il répondre à leurs attentes ?
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Sommaire
- Édito (en ligne)
Sylvie Pinchart, directrice – Lire et Écrire Communauté française - Pratiques collaboratives autour du chef-d’œuvre
Entretien avec Marina Meggeto, formatrice, Karine Martin, coordinatrice pédagogique, FUNOC
Et Éric Degallaix, ex-inspecteur de l’Enseignement fondamental pour la zone de Charleroi, Fédération Wallonie-Bruxelles
Propos recueillis et mis en forme par Aurélie Leroy, chargée d’analyses et études, Lire et Écrire Communauté française - Le passage du CEB grâce au dispositif du chef d’œuvre : un rite de passage symbolique et réparateur
Entretien avec Jean Constant, coordinateur pédagogique, et Jean, ex-apprenant, Lire et Écrire Verviers
Propos recueillis et mis en forme par Justine Duchesne, Lire et Écrire Wallonie - Le CEB : une étape en soi mais aussi vers la formation qualifiante
Esméralda Catinus, formatrice – Collectif Alpha
Voir, ci-dessous, l’interview d’Alassane, qui témoigne dans l’article. - L’expérience de Franck, ouvrier communal attaché à l’entretien des voiries
Propos recueillis par Pascale Lasablière, créatrice et animatrice d’ateliers d’écriture, Ateliers Mots’Art - La validation des compétences : présentation du dispositif
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française - L’expérience de Geneviève, assistante administrative
Propos recueillis par Bénédicte Mengeot, responsable de projets, Lire et Écrire Centre Mons Borinage - Niveau de scolarité des candidats à la validation des compétences
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française - L’expérience de Souad, coiffeuse
Rapportée par Vinciane Annet, agent de guidance, et Benoît Lemaire, coordinateur de projets, Lire et Écrire Luxembourg - La validation des compétences, accessible aux personnes en difficulté de lecture et d’écriture ? (en ligne)
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française- Projets pilotes pour une meilleure prise en compte des personnes en difficulté avec la langue française
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française
- Projets pilotes pour une meilleure prise en compte des personnes en difficulté avec la langue française
- La validation des compétences, une opportunité pour le public des CISP (en ligne)
Marina Mirkes, coordinatrice pédagogique, Interfédération des CISP
et Véronique Dupont, chargée de mission sociopédagogique, ALEAP, Fédération CISP - L’expérience de Majid, coiffeur
Rapportée par Sibylle Jacquemin, agent de guidance, et Benoît Lemaire, coordinateur de projets, Lire et Écrire Luxembourg - Validation des compétences : un dispositif qui s’inscrit dans une perspective d’État social actif
Sylvie-Anne Goffinet, Lire et Écrire Communauté française - L’expérience de Jamel, cariste
Rapportée par Laurence Breuskin, agent de guidance, et Benoît Lemaire, coordinateur de projets, Lire et Écrire Luxembourg - La validation des compétences ou l’illusion d’une solution
Hugues Esteveny Lire et Écrire Bruxelles - L’expérience de deux autres caristes
Rapportée par Stéphanie Urbain, formatrice
Et mise en forme par Bénédicte Mengeot, responsable de projets, Lire et Écrire Centre Mons Borinage - À la croisée des normes, le portfolio Mes chemins d’apprentissages
Aurélie Audemar, Lire et Écrire Communauté française - Sélection bibliographique
Eduardo Carnevale, Centre de documentation du Collectif Alpha
-
- Interview d’Alassane
- Complément à l’article Le CEB : une étape en soi mais aussi vers la formation qualifiante
Édito
Par Sylvie Pinchart, directrice de Lire et Écrire Communauté française.
En 2017, nous avons publié le résultat d’un vaste chantier de formalisation de notre pédagogie d’alphabétisation populaire [1]. L’évaluation y a tenu une place importante et, au-delà de cette publication, continue de faire l’objet de toute notre attention. Notre fil conducteur dans ce chantier « évaluation » était la mise à disposition de repères et d’outils permettant de renforcer les apprenants dans la maitrise de leur parcours de formation.
Nous distinguons évaluation formative et évaluation certificative [2], ce qui est assez classique… mais cette distinction revêt encore et toujours une grande importance éthique et méthodologique. L’évaluation formative est un espace que nous qualifions de « privé », c’est-à-dire interne à l’espace de formation. C’est l’espace des essais et erreurs, et du « tous capables ». C’est un espace de confiance et de construction entre savoirs et pouvoir d’agir, comme l’explique dans son article Aurélie Audemar à propos de l’outil Mes chemins d’apprentissage [3].
L’évaluation certificative, elle, relève du domaine public. Elle se réfère à une appréciation d’atteinte des exigences d’une norme ou d’une grille de compétences définie par un tiers. Lorsqu’elle conduit à la délivrance d’un diplôme ou d’une certification, elle est le plus souvent menée dans le cadre d’une mission déléguée et/ou reconnue par une autorité publique.
Cette distinction délimite notre champ d’intervention en tant qu’opérateur d’alphabétisation. Au regard de nos missions et modes d’action [4], nous ne visons pas à être un organisme certifiant et diplômant. Notre attention porte sur l’accompagnement des apprenants qui souhaitent obtenir une certification, et sur la sensibilisation des organismes certifiants pour permettre l’accessibilité effective des apprenants aux dispositifs de certification.
Nous plaidons donc pour une distinction claire entre les démarches d’alphabétisation populaire et celles qui sont certifiantes.
Il nous semble important que la mission de certification reste bien la prérogative de l’action publique, c’est-à-dire la validation d’un socle de compétences résultant d’un compromis politique et/ou de la concertation sociale entre organisations syndicales et patronales. C’est ce qui garantit que la certification n’est pas un produit (marchand) mais un moyen – parmi d’autres – d’inscrire une trajectoire personnelle dans une reconnaissance sociale et un ensemble de droits collectifs.
L’objet de ce Journal de l’alpha n’est cependant pas de traiter tous les (nombreux) enjeux de la certification en alphabétisation, qu’elle soit ou non diplômante, mais de s’intéresser plus particulièrement à deux dispositifs : la réalisation d’un « chef-d’œuvre » en vue de l’obtention du CEB (Certificat d’Étude de Base) et le dispositif de validation des compétences qui permet d’obtenir un ou plusieurs titres de compétences (professionnelles).
Nous définissons l’analphabétisme par la non-maitrise des langages fondamentaux et savoirs de base équivalents au CEB. Notre action de formation se termine au plus tard quand ces compétences et savoirs sont acquis. Un nombre limité d’organismes proposent un accompagnement à la préparation du « chef-d’œuvre », et trois d’entre eux contribuent à ce numéro : la FUNOC, Lire et Écrire Verviers et le Collectif Alpha. C’est un dispositif tout à fait « original », qui est né de la volonté commune d’acteurs de l’enseignement et de l’alphabétisation de mettre en place une modalité de certification dans laquelle des adultes peuvent construire du sens.
L’accès à la formation professionnelle et à l’emploi est un motif majeur d’entrée en formation d’alphabétisation. De nombreuses personnes qui ont acquis des savoir-faire professionnels peinent à les faire reconnaitre sur le marché de l’emploi et sont intéressées par le dispositif de validation des compétences. Hugues Esteveny propose une analyse critique des enjeux sociaux, économiques et politiques qui ont motivé la mise en place de ce dispositif « parapublic ».
Sylvie-Anne Goffinet fait une présentation du dispositif et propose plusieurs portes d’entrée pour le questionner et l’analyser du point de vue de la prise en compte des personnes en difficulté de lecture et d’écriture, voire de compréhension et d’expression orale en français.
Dans un texte disponible en ligne, Marina Mirkes de l’Interfédération wallonne des centres d’insertion socioprofessionnelle (CISP) clarifie à différents niveaux (institutionnel, organisationnel et pédagogique) les opportunités de la validation des compétences professionnelles pour les apprenants des CISP (dont les régionales wallonnes de Lire et Écrire), tandis qu’une dernière contribution, également en ligne, fait état de projets pilotes visant à permettre aux personnes possédant les compétences métier requises, mais rencontrant des difficultés liées à leur compréhension du français, d’accéder avec succès à la validation des compétences.