La fracture numérique
Depuis quelques semaines, cette fracture est de plus en plus pointée du doigt ; notamment via la campagne « Les oubliés du numérique » du Mouvement Lire et Écrire. En effet, lors du confinement, le digital a pris de plus en plus de place. Mais tout le monde n’est pas sur un même pied d’égalité face à cette nouvelle « norme sociale » dominante, que ce soit via l’accès ou la maîtrise de ces outils. L’e-exclusion est loin d’être marginale ; en effet, 40% des Belges sont dits « en faiblesse » numériquement, selon le Baromètre de la Fondation Roi Baudouin.
Lire et Écrire s’est bien rendu compte de cette problématique et de la nécessité d’outiller les apprenant⋅es sur l’utilisation digitale, et ce bien avant la crise sanitaire. Car aujourd’hui, ne pas maîtriser ces outils ajoute des obstacles supplémentaires à l’exercice des droits de ces personnes, qui ne savent pas lire et/ou écrire, ce qui engendre des difficultés concrètes au quotidien : prendre un rendez-vous chez le médecin, acheter un ticket de bus/train, postuler pour un emploi, …
Formation des formateurs
Face à ce constat, Lire et Écrire Brabant wallon a depuis plus d’un an cherché à répondre à cette e-exclusion en proposant des ateliers numériques. La première étape a été de se doter de matériel, dont des tablettes, grâce au soutien de la Fondation Roi Baudouin. Après avoir été équipé, la deuxième étape consistait donc à former les formateur.rice.s à les utiliser, afin qu’ils puissent à leur tour apprendre leur utilisation aux apprenants. Fabien Masson (collègue de la régionale Lire et Écrire Bruxelles et conseiller pédagogique en charge de la coordination du projet TIC-FSE) est venu donner deux ateliers en septembre 2019 et 2020.
Plus qu’un outil d’inclusion
L’équipe de formateur⋅rices, ainsi formée, peut dès lors accompagner les apprenant.e.s à utiliser des ordinateurs, des tablettes pour créer une adresse mail, pour effectuer des recherches en fonction de leurs centres d’intérêt, pour chercher des offres d’emploi .… Mais les compétences numériques sont plus vastes et plus complexes que la connaissance purement fonctionnelle. Il faut également leur donner des clés pour assurer une maintenance : classer et trier des dossiers, supprimer des applications inutiles pour gagner de la place sur son disque dur, etc. Ce matériel numérique permet également d’appuyer la formation en alphabétisation : par exemple, en téléchargeant des applications d’apprentissage de lecture et d’écriture adaptées pour des adultes. Le numérique permet donc une autre manière d’apprendre et chamboule aussi un peu le déroulement des formations et l’approche pédagogique.
De plus, l’évolution rapide et permanente du numérique implique que tout utilisateur soit en capacité d’apprendre à apprendre, voire même désapprendre ses façons de faire pour réapprendre autrement. La capacité à gérer l’incertitude devient la disposition-clé à acquérir dans ce monde du tout-numérique (voir Baromètre de l’inclusion numérique).