Il existe 3 types de fractures numériques :
- L’accès au numérique qui comprend autant l’accès en tant que tel que la qualité de l’accès (nombre d’outils disponibles, type de logiciel utilisé, réseau, lieu où se trouve l’ordinateur…)
- Les compétences et usages : même en ayant accès au numérique, encore faut-il comprendre comment cela fonctionne (comprendre la manière dont fonctionne Google, pourquoi je reçois tel type d’information plutôt qu’une autre…) Face à cette impossibilité de réaliser par elles-mêmes les démarches, les personnes en difficulté de lecture et d’écriture se tournent vers d’autres structures telles que la nôtre. Amenant alors une surcharge de travail pour les formateurs et agents de guidance qui pallient à l’inaccessibilité des services de première ligne : déclarations d’impôt, fiche chômage pour toucher les allocations, payer les factures en ligne, etc. Soit une charge de travail qui n’est normalement pas la leur et qui mettent les travailleurs dans des situations délicates car elles impliquent d’entrer dans l’intimité des personnes. Pour mieux comprendre ces difficultés, visionnez l’interview de Jean Péters, coordinateur développement partenarial et sensibilisation, accompagnement et orientation.
- Les conséquences sociales : la conséquence la plus importante qui apparaît avec le tout numérique est l’inégalité par la suppression des alternatives au numérique (le face à face) laissant les personnes dans des situations intenables. Le rapport de la Fondation Roi Baudouin démontre que 67% des peu diplômés n’ont pas interagi avec l’e-administration et parmi eux 75% n’ont jamais transmis un formulaire officiel en ligne. Pour ces personnes, ce sont des allocations, des inscriptions à l’école… qui leur passent sous le nez faute de pouvoir utiliser le numérique. Lire et Écrire Brabant wallon a d’ailleurs récemment tiré la sonnette d’alarme par rapport à cette réalité (voir la lettre ouverte). Il est important de replacer l’humain au cœur des interactions avec un accompagnement en présentiel de qualité.
Alors que les deux dernières fractures font déjà l’objet d’actions spécifiques au niveau local, la première relève plus des compétences du Gouvernement fédéral. Raison pour laquelle, dans le cadre de la campagne 2021 Les oubliés du numérique : « Delete » ou « Enter », la directrice de Lire et Écrire Brabant wallon a interpellé le secrétaire d’état à la Digitalisation, Mathieu Michel. Interpellation à laquelle le Secrétaire d’État a répondu en reconnaissant que l’accès à l’Internet est fondamental
.
Si la solution du Wifi gratuit partout semble une mauvaise idée pour le Secrétaire d’État, celle du réseau mobile est techniquement plus adaptée. Monsieur Michel a d’ailleurs laissé entendre qu’il travaille en ce sens afin de permettre une offre la plus accessible pour tous
. Son idée : un accès universel à certains services, comme les services publics ou les contenus éducatifs et pédagogiques. En d’autres termes, la consommation liée à la fréquentation des sites d’administrations, d’organismes publics, des communes, des universités et autres écoles… serait gratuite.
Une bonne nouvelle en soi mais à laquelle Sophia Papadopoulos, directrice de Lire et Écrire Brabant wallon, ajoute tout de même une condition : un accès pour tous, OK. Mais surtout un accès de qualité pour tous ! Car, si pour arriver à capter cette connexion particulière, il faut faire le poirier à un bras pendant trois heures, cela ne sert à rien. Les gens ne sauront pas l’utiliser.
Attendons de voir la concrétisation opérationnelle de cette idée. Le rendez-vous est donc pris !