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D’abord, on ne sait pas.
On croit qu’on est tout seul, alors qu’en Wallonie et à Bruxelles, 1 personne sur 10 a des difficultés avec l’écrit
On croit qu’il n’y a que des étrangers qui ont cette difficulté-là, on ne sait pas que des jeunes sortent de l’école à 18 ans sans maîtriser l’écrit.
On ne sait pas qu’apprendre à lire et à écrire quand on est adulte, c’est possible.
On ne sait pas qu’il y a 200 organismes qui organisent des formations en alphabétisation.
On ne sait pas que ces formations sont ouvertes à toutes et à tous, belges et étrangers, que la plupart sont gratuites.
Alors viennent les peurs et la honte.
- Apprendre à lire et à écrire, c’est possible… si les regards changent
On a peur du regard des autres.
On se souvient des moqueries à l’école, de son banc au fond de la classe, des échecs répétés.
On ne parle pas de ses difficultés. On fait tout pour les cacher.
On a peur de passer pour un incapable complet.
On croit que tout est de sa faute.
On perd confiance en soi.
On ne voit pas comment en sortir.
Tout ce qui est inconnu peut amener l’angoisse
Pour en sortir, il faut oser.
Oser prendre le bus, le tram, le train, sans savoir si on est dans la bonne direction ni quand il faudra descendre car les indications sont écrites et peu claires.
Oser pousser la porte d’un lieu d’alpha.
Oser dire qu’on ne sait pas lire ni écrire, avouer sa faiblesse.
Oser dire "Je veux apprendre" même si on ne sait pas comment cela va se passer.
Pour oser, il faut de la solidarité.
- Apprendre à lire et à écrire, c’est possible… si les portes s’ouvrent
Recevoir l’information utile.
Être envoyé vers un centre de formation
Être soutenu par sa famille, par son entourage.
Recevoir un vrai accueil à l’entrée du centre de formation (et pas seulement fixer un rendez-vous pour un test ou être renvoyé à 6 mois car il n’y a pas de place)
Être encouragé à persévérer.
Voir ses progrès valorisés.
Pour se former, il faut des moyens.
Trouver une place disponible en formation, c’est-à-dire que le groupe ne soit pas complet et que le local soit assez grand.
Trouver un lieu de formation près de chez soi.
Trouver un transport public qui vous amène à la formation (et vous en ramène) à des heures et dans des délais raisonnables.
Trouver une place pour son enfant en garderie (les travailleurs sont souvent prioritaires, pas les personnes en formation) avec des horaires qui concordent.
Trouver du personnel disponible pour l’accueil dans les centres de formation (souvent, ce sont des formateurs qui doivent quitter leur animation pour recevoir les candidats).