Outil de communication, il est destiné à mettre à disposition des chercheurs ainsi qu’auprès des personnes intéressées des ressources pertinentes afin d’être informé et de comprendre les évolutions des domaines liés à l’alphabétisation. Il est organisé par thématiques afin de mieux identifier les informations.
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Politiques d’activation
Les expériences de l’exclusion du chômage, recherche qualitative
Demazière Didier, Ugeux Élise, Zune Marc, Université catholique de Louvain, 2017, 98 p. (Belgique).
Synthèse de l’étude (4 p.)
Que sont devenues les personnes exclues des allocations de chômage à Bruxelles en 2015 ? Cette étude, commanditée pour l’Observatoire bruxellois de l’Emploi d’Actiris, aborde la question de l’exclusion des personnes concernées par les fins de droits aux allocations d’insertion [1] (procédure FIDAI) et du chômage suite aux évaluations négatives du comportement de recherche d’emploi (procédure DISPO). 55 entretiens ont été réalisés dans ce cadre. Le rapport est organisé autour de trois principales questions de recherche : Comment l’exclusion a été vécue ? Que deviennent-ils après l’exclusion ? Quelle est la place du travail dans leurs perspectives ?
La première partie met en évidence des tensions partagées en ce qui concerne le sentiment d’exclusion : sentiments d’injustices, absence de prise en compte du vécu personnel, quasi impossibilité de faire valoir ses droits ou d’infléchir les décisions de l’ONEM, intériorisation de la sanction, culpabilité, soulagement face aux pressions exercées. Il ressort également des différences significatives entre les personnes ayant subi les fins de droits aux allocations d’insertion et ceux concernés par les allocations de chômage. Pour les premiers, la résignation est la réaction la plus observée. La sanction après contrôle de la recherche d’emploi est, quant à elle, vécue comme l’application d’une norme externe à laquelle la majorité n’adhère pas. Cependant, la sanction est très peu contestée, voire acceptée et endossée.
La deuxième partie interroge les parcours statutaires et la question du recours ou non-recours au CPAS. Il apparaît que seulement une partie des chômeurs exclus en a bénéficié, et ce, pas toujours de manière immédiate. Il reste que le recours au CPAS est vécu comme dégradant et dévalorisant dans la plupart des cas.
Le rapport au travail est au centre de la troisième partie de cette étude. L’exclusion révèle ou accentue une distance à l’emploi importante. Les projections quant à l’avenir se distancient de l’emploi stable mais visent la recherche de formes de travail accessibles (reventes d’objets, création de son propre emploi, autosubsistance, etc.). L’exclusion ne produit pas les effets attendus des politiques d’activation, mais provoque des marginalisations, des fragilisations, des retraits, des incertitudes et des insécurités croissantes.
Les résultats issus de cette étude ont permis de dégager une trentaine de recommandations qui proposent de réorienter les aménagements de la politique d’activation en vigueur et de définir de nouvelles interventions. Trois axes structurent ces recommandations : organiser le contrôle et l’accompagnement autour de la reconnaissance et de la valorisation d’une variété de manières de rechercher un emploi et de définir le travail ; concevoir une offre de statuts diversifiés afin de répondre à l’hétérogénéité de situations et des manières de les vivre et définir ; raisonner en termes de parcours, de circulations et de mobilités, et dès lors anticiper les effets des actions menées et prendre en compte les conséquences pour les individus.
Que sont devenues les personnes arrivées en fin de droit aux allocations d’insertion ? Suivi de parcours de demandeurs d’emploi en fin de droit en 2015 identifiés dans les bases de données du FOREM
Veille analyse et prospective du marché de l’emploi, Le Forem, 2017, 11 p. (Wallonie).
Cette étude met en avant les aspects quantitatifs de la mise en œuvre de la règlementation relative à la limitation des allocations d’insertion à 3 ans en Wallonie. Elle étudie le parcours de 18 543 personnes durant l’année qui a suivi la fin de droit en 2015. 82 % de cette population étaient demandeurs d’emploi indemnisés et 17 % occupaient en janvier 2015 un emploi à temps partiel. 45 % ont au maximum un diplôme de secondaire inférieur et 50 % résident dans le Hainaut. Deux tiers de ces personnes sont des femmes. Par ailleurs, la mesure semble toucher de nombreuses personnes qui connaissent régulièrement des périodes d’emploi. Plus de 50 % des personnes suivies ont connu l’emploi dans les cinq dernières années. Cependant, elles n’ont pas cumulé suffisamment de nombre de jours d’emploi pour accéder à des allocations de chômage sur base du travail.
Un an après la fin de droits, le taux d’insertion s’élève à 40 %. Ce qui signifie que 40 % des demandeurs d’emploi ont connu au moins un jour de mise à l’emploi dans l’année suivant la fin de droit. Si on ne tient pas compte des personnes travaillant à temps partiel au moment de la fin de droits, on tombe à 29,2 % de taux d’insertion. Les personnes peu diplômées (CESS max.) présentent un taux d’insertion de 33,7 % (inclut la proportion de temps partiels). En outre, les hommes ont plus de difficultés à s’insérer que les femmes (36 % des hommes contre 48 % des femmes). Cinq catégories de parcours administratifs ont été distingués : l’emploi continu, les demandeurs d’emploi obligatoires, les sorties de la demande d’emploi, les parcours mixtes et les « autres demandeurs d’emploi ». D’après l’étude, environ 14 % des personnes en fin de droits (hormis les temps partiels déjà à l’emploi) ont connu essentiellement l’emploi tout au long de l’année suivante, principalement des diplômés de l’enseignement supérieur, ce qui pose la question de l’efficacité des politiques d’activation. 24 % se sont réinscrits obligatoirement à la demande du CPAS ; la majorité étant peu diplômée. 15 % ont alterné périodes d’emploi, de formation et demandes d’emploi. 31 % ont quitté le statut de « demandeur d’emploi » et ne sont ni dans l’emploi, ni dans la formation.
Revenu d’intégration sociale
L’explosion du nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration sociale en Wallonie
Institut pour un développement durable, in Brève de l’IDD no 16, 2018, 2 p.
Des données annexées ventilées par commune ou ville sont disponibles sur demande.
L’Institut pour un développement durable a estimé utile d’alimenter les futurs débats locaux avec des données concernant les bénéficiaires du revenu d’intégration (RIS ci-après). Quelques constats essentiels sont développés :
- le nombre de bénéficiaires du RIS a augmenté de 77 % et celui d’étudiants bénéficiaires a quasiment doublé entre 2008 et 2017 en Wallonie ;
- en 2017, 92 000 wallons (4,2 % de la population) ont bénéficié au moins une fois d’un RIS ; c’est le cas de 6,8 % des jeunes de 18 à 24 ans ;
- les jeunes représentent un peu moins d’un tiers du nombre total de bénéficiaires ; ce pourcentage est resté stable entre 2008 et 2017 ;
- la durée moyenne durant laquelle les personnes bénéficient d’un RIS a quelque peu augmenté ;
- les grandes villes wallonnes (celles dont la population des 18-64 ans est supérieure à 30 000 habitants) représentent environ 25 % de la population mais plus de 50 % des bénéficiaires du RIS ;
- en 2017, dans les grandes villes, 8,1 % de la population ont bénéficié au moins une fois d’un RIS ; c’est le cas de presque un jeune sur cinq des jeunes de 18 à 24 ans ;
- en 2017, 43 % des jeunes bénéficiaires du RIS ont la chance de faire des études ;
- les écarts entre communes sont énormes, reflétant les inégalités socioéconomiques et, dans une moindre mesure, les choix politiques locaux. Par exemple, 23 % des jeunes liégeois ont bénéficié au moins une fois du RIS ; à Lasne c’est seulement 2 %. À Braine-le-Château 50 % des bénéficiaires du RIS ont moins de 25 ans ; à Vaux-sur-Sûre c’est seulement 10 %. À Ellezelles, 92 % des jeunes ont l’occasion de faire des études ; à Chimay seuls 15 % des jeunes ont cette chance.
Enseignement
Résultats de l’épreuve externe commune pour l’obtention du CEB – 6e primaire. Communiqué
Fédération Wallonie-Bruxelles, 2018, 4 p.
La Fédération Wallonie-Bruxelles évalue, chaque année depuis 2009, la maitrise des compétences de base attendues en fin de 6e primaire. Elle concerne également le 1er degré de l’enseignement différencié et certains élèves de l’enseignement spécialisé. Cette épreuve porte sur le français, les mathématiques et l’éveil (histoire, géographie, sciences). Sur les 51 192 élèves de sixième primaire qui ont présenté l’épreuve en juin 2018, 46 396 élèves l’ont réussi, soit un taux de réussite de 90,63 %.
La moyenne des résultats obtenus par l’ensemble des élèves est de 75,72 % en français ; 75,92 % en mathématiques et 68,74 % en éveil (histoire, géographie, et sciences). Le taux de réussite à l’épreuve 2018 de 90,63 % est légèrement inférieur au taux de réussite moyen des huit dernières années qui est de 91,6 %. Le taux de réussite en français en 2018 est supérieur à celui de 2017 (+5,4 %). Cependant, ce taux de réussite du CEB ne prend pas en compte les délibérations des écoles et du traitement des recours. Après les délibérations des écoles et le traitement des recours, le taux de non-octroi du CEB est de 4,74 %. Soit 95,26 % ont obtenu au final leur Certificat d’études de base en 2018.
Plus d’informations sur les recours et délibérations 2018…
Les indicateurs de l’enseignement
Service général du pilotage du Système éducatif, Fédération Wallonie-Bruxelles, 2017, 12e édition, 66 p.
Le Service général du pilotage du Système éducatif a publié la douzième édition des Indicateurs de l’enseignement. Les indicateurs portent sur la période 2015-2016 et sont déclinés selon six thématiques à savoir : les généralités de notre enseignement, les différents publics qui le fréquentent, les parcours des élèves, les résultats obtenus, les personnels enseignants et l’organisation du système. Ils font état de l’évolution du nombre d’élèves, l’orientation dans l’enseignement ordinaire, le taux de redoublement, le retard scolaire, du taux d’obtention du CEB, la féminisation des personnels enseignant, la stabilité des équipes pédagogiques, etc.
En ce qui concerne l’évolution du nombre d’élèves, le rapport fait apparaitre, à l’horizon 2029-2030, une augmentation de 5 % des effectifs scolaires par rapport à 2015‑2016. Selon le niveau, la population scolaire augmenterait de 5 % dans le maternel, 6 % dans le primaire et 5 % dans le secondaire. Depuis 10 ans, la part de l’enseignement spécialisé est en constante augmentation, principalement au niveau primaire et secondaire. Si on regarde plus précisément les âges, c’est à 12 ans que la part d’élèves inscrits atteint son pic : ils sont 6,4 % à fréquenter cet enseignement. L’enseignement spécialisé distingue 8 types d’enseignement : retard mental léger ; retard mental modéré à sévère ; déficiences auditives ; déficiences visuelles ; déficiences physiques ; troubles du comportement ou de la personnalité et trouble des apprentissages. 40 % des élèves inscrits en primaire spécialisé relèvent des « troubles des apprentissages » et 25 % du « retard mental léger ». L’enseignement spécialisé de type 8 « troubles des apprentissages » vise la réintégration des élèves dans l’enseignement ordinaire et n’est pas organisé en FWB en secondaire spécialisé. En 2015‑2016, 57 % des élèves qui fréquentaient le type 8 l’année précédente entament leur année dans l’enseignement ordinaire, essentiellement en première année différenciée. Ainsi, ceux qui ne réintègrent pas l’enseignement ordinaire sont orientés principalement vers un type d’enseignement « retard mental léger » (51 % des élèves en secondaire spécialisé).
Le rapport met en évidence également le taux de retard scolaire. 14 % des élèves de l’enseignement primaire ordinaire sont en retard scolaire contre 48 % dans le secondaire de plein exercice. Les garçons sont plus fréquemment en retard que les filles tous niveaux confondus. Ces taux de retard scolaire varient également selon la forme d’enseignement (technique de qualification, de transition, professionnel, ordinaire).
Illettrisme des jeunes
Journée défense et citoyenneté 2017 : plus d’un jeune Français sur dix en difficulté de lecture
Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance, ministère de l’Éducation nationale, in Note d’information no 18.10, 2018, 4 p. (France).
La Journée défense et citoyenneté est une étape du parcours de citoyenneté obligatoire pour tous les jeunes de nationalité française âgés de 16 à 25 ans. L’objectif de cette journée est d’aborder différentes problématiques : la citoyenneté, la sécurité routière et les questions liées à la Défense. Un test d’évaluation des apprentissages fondamentaux de la langue française est également organisé.
En 2017, près de 77 000 jeunes âgés de 16 à 25 ans ont passé le test d’évaluation de la langue française. Trois dimensions sont évaluées : la capacité à réaliser des traitements complexes (compréhension de l’écrit, capacité à rechercher de l’information), l’automaticité de la lecture (homophonie entre un mot et un item prononçable mais sans signification) et la connaissance du vocabulaire. Huit profils de lecteurs regroupés sous 4 appellations sont distingués : difficultés sévères, très faibles capacités de lecture, lecteurs médiocres et lecteurs efficaces.
11,5 % d’entre eux sont en difficulté de lecture. Les garçons sont plus fréquemment en difficultés que les filles (13,2 % contre 9,8 %). Toutefois, les différences garçons/filles s’observent dans les niveaux de diplômes les moins élevés… 48,7 % des jeunes n’ayant pas dépassé le niveau du collège [2] ont des difficultés de lecture. Des disparités régionales sont mises en évidence : la fréquence des difficultés de lecture est plus importante dans les départements du nord entourant l’Ile-de-France qu’au Sud.
5,2 % sont en situation d’illettrisme selon les critères de l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme. Ces derniers rencontrent des difficultés importantes en termes de vocabulaire et 3 % d’entre eux n’ont pas acquis les mécanismes de base du traitement du langage écrit.
Culture
Les pratiques culturelles en Fédération Wallonie-Bruxelles : regards croisés
Dal Cynthia Dal, Demonty François et Harzé Justine (Delchambre Jean-Pierre dir.), Genard Jean-Louis, Schaut Christine et Vander Gucht Daniel (Guérin Michel coord.), in Études politiques culturelles no 5, 2015, 112 p.
Cette recherche qualitative complète l’enquête générale portant sur les pratiques et consommations culturelles menée en 2008 par l’Observatoire des politiques culturelles. Si la première s’attelait quantitativement à identifier les comportements, gouts et usages des temps libres de la population en Fédération Wallonie-Bruxelles [3] ; cette dernière cherche identifier les différents facteurs qui amènent les personnes à participer à une activité culturelle (motivations, bénéfices, intérêts, déclencheurs, influences). La méthodologie employée se base sur le croisement des regards, des échanges avec les opérateurs culturels, invités à faire part de leurs propres expériences de terrain et à réagir aux propos des personnes.
Les résultats de cette étude ont montré que ce sont les expériences de proximité (famille, amis, rencontres) qui exercent l’influence la plus décisive sur les pratiques culturelles. Des hiérarchies culturelles persistent mais dans des formes plus complexes qu’auparavant. De nouveaux rapports à la culture se développent : gout pour l’exploration, la découverte et l’expérimentation (par exemple : essayer la capoeira, le karaoké, « tripper » lors d’un concert, participer à un jeu de rôle grandeur nature, tenter des expériences culinaires, etc.) ; profiter des activités culturelles pour « travailler sur soi », se découvrir soi-même ; rechercher la sociabilité.
L’avènement des technologies de l’information et de la communication a profondément modifié le rapport à la culture : individualisation, effet « zapping », recherche de sociabilité et de divertissement plus importante, attrait pour la nouveauté, etc. La montée en puissance de la culture d’écran influe également sur l’offre culturelle (livres autoédités, démocratisation de la culture, applications, etc.). Un affaiblissement des formes d’engagement militant au profit d’engagements individualisés est aussi mis en évidence. D’autres déplacements dans les formes d’engagement sont constatés : réseaux sociaux, croissance des implications pragmatiques, déplacement des formes collectives vers le « travail sur soi ». Enfin, l’étude aborde les relations entre l’éducation permanente et la culture et l’évolution des politiques culturelles.